giovedì 14 aprile 2011

La simplicité : une vertu oubliée ?

André Comte-Sponville, philosophe contemporain, considère à juste titre la simplicité comme la vérité des vertus :

"La simplicité est oubli de soi ; c’est en quoi elle est une vertu : non le contraire de l’égoïsme, comme la générosité, mais le contraire du narcissisme, de la prétention, de la suffisance. [...] Toute vertu sans elle manquerait de l’essentiel : que vaudrait une gratitude affectée, une humilité apprêtée, un courage qui ne serait que pour la montre ? Modestie sans simplicité, c’est fausse modestie. Sincérité sans simplicité c’est exhibitionnisme ou calcul. La simplicité est la vérité des vertus : chacune n’est elle-même qu’à la condition d’être libérée du souci de paraître. [...] Toute vertu, sans la simplicité, est donc pervertie, comme vidée d’elle-même, comme remplie de soi. [...] La simplicité est la vérité des vertus, et l’excuse des défauts. C’est la grâce des saints et le charme des pécheurs. [...] Le simple est celui qui ne fait pas semblant, qui ne fait pas attention (à soi, à son image, à sa réputation), qui ne calcule pas, qui est sans ruse et sans secret, sans idées de derrière. [...] La simplicité est vertu présente, vertu actuelle, c’est en quoi aucune vertu n’est réelle qu’à la condition d’être simple"[1].

Voici ce que nous dit saint François de Sales :

« La simplicité n’est autre chose qu’un acte de charité pur et simple, qui n’a qu’une seule fin : acquérir l’amour de Dieu. Et notre âme est dans la simplicité lorsque nous n’avons point d’autre prétention que celle-là, en tout ce que nous faisons[2]. [...] La vertu de simplicité est opposée et contraire à l’astuce, vice d’où proviennent les finesses, les artifices et les actes de duplicité[3]. L’astuce est un amas d’artifices, de trom­peries, de malices. Ce vice, qui nous rend ingénieux dans la façon de trom­per le prochain et ceux avec qui nous avons à faire, nous permet de les amener là où nous voulons… Cela est infiniment contraire à la simplicité, qui exige que notre extérieur soit le reflet de notre intérieur. [...] La simplicité ne vise qu’à contenter Dieu et nulle­ment les créatures, à moins que ce soit l’amour de Dieu qui nous le commande »[4].

La Mère Jeanne de Chantal donnait ce témoignage :

« Rien n’était plus simple que sa vie : on n’y trouvait aucune singularité, rien qui puisse provoquer l’admiration de ceux qui ne regardent que l’extérieur. Il menait un train de vie commun, mais d’une manière si divine et si céleste que  rien, dans sa vie, ne pouvait être plus admirable[5] ».
Le meilleur moyen d’être simples, dit encore François de Sales, c’est de tenir notre cœur proche de Dieu[6]. Quelle simplicité dans la simplicité elle-même, et quelle joie de vivre en Dieu ! Voici ce que nous dit encore le saint évêque :

"Marchez constamment en esprit de simpli­cité, c’est-à-dire en abandonnant et en remettant toute votre âme, vos actions et vos succès au bon plaisir de Dieu. Faites-le pour l’amour d’une parfaite et très absolue confiance, en vous abandonnant au soin et à l’amour éternel que la divine Providence a pour vous. Tenez aussi votre âme ferme, sans lui permettre de s’épuiser par des retours sur elle-même pour examiner ce qu’elle fait ou si elle est satisfaite"[7].

La simplicité ne se réduit pas à une forme de sobriété ou de modération dans la façon de vivre, de manger, de se vêtir ou de dépenser son argent ; c’est bien plus que cela ! C’est être humble et vrai dans son rapport avec Dieu et avec le prochain. En effet, la simplicité, qui est à la fois intérieure et extérieure, nous inspire des paroles charitables à l’égard du prochain et rend notre prière toujours plus pure et vraie aux yeux de Dieu. Une telle simplicité n’est possible que si nous acceptons de nous remettre entièrement dans les mains de Dieu ; c’est ce que François appelait : le saint abandon. Accueillons de bon cœur tout ce que Dieu voudra pour nous et restons-lui fidèles quoiqu’il arrive. Ainsi, notre cœur restera serein et paisible, que ce soit dans les tourmentes ou dans les moments d’accalmie. Ne désirons rien d’autre que de bien faire ce que Dieu attend de nous aujourd’hui, sans jamais douter de son aide. Voilà ce qu’est la vraie simplicité du cœur !

© Père Gilles (Ne pas publier sans mon autorisation)



[1] A. Comte-Sponville, Petit traité des grandes vertus, p. 231-234.
[2] ENT dans ΠVI, p. 202.
[3] Saint François nous explique qu’est pour lui la duplicité : une bonne action à laquelle s’ajoute une intention mauvaise ou vaine (dans Œ XIII, p. 304).
[4] ENT  dans Œ VI, p. 207.
[5] J-P. Camus, Esprit de Saint François de Sales,  J. Lefort,  Paris 1879, tome II, p. 573.
[6] PO V, dans ΠXXVI, p. 298.
[7] Ibid., p. 273.

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